LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE 2

Régina Yaou est l'une des plumes les plus fécondes de la littérature ivoirienne. Elle a été désignée Prix d'excellence de littérature 2014. 

REGINA YAOU

Lusiano N'dohou (écrivain)

Régina Yaou que j’appelle affectueusement grand sœur, est une romancière constante et multi-genres, qui aborde tous les sujets ( sorcellerie, problème de couple, tradition, guerre, etc.) avec maestria. Ce que j’apprécie le plus dans ses textes, c’est son souci du détail; tout y est (son, odeurs, couleurs, etc.). Cela plonge profondément le lecteur dans l’espace de l’intrigue. Elle bichonne également la forme de ses œuvres, par inclination à l’esthétique. La plupart de ses phrases ont une musicalité entrainante que je me plais à lire à haute voix… Régina Yaou, c’est surtout l’auteur de : Lezou Marie ou les écueils de la vie. Roman majeur qui m’a séduit en tant que jeune lecteur…

Soilé Cheick Amidou (poète)

Régina Yaou, dans l'odyssée de la littérature ivoirienne que les Dadié ont inventée et honorée, est une borne scintillante de plus d'une vingtaine d'œuvres de calibres divers. J'ai craqué pour "Opération fournaise". Régina, c'est 37 ans de présence remarquable dans les champs fleuris de prouesses de la littérature ivoirienne. Jeune étudiant en 1989, je me souviens des virulents coups de bec que lui avait assénés un critique littéraire sur le plateau de la Rti. Cet implacable homme de lettres était mon professeur de civilisation africaine à l'ENS. L'objet des philippiques acerbes de l'érudit, c'était "Lézou Marie ou les écueils de la vie", l'un des bébés de Régina. J'avais éprouvé de la compassion pour elle. Aujourd'hui, ce n'est là qu'un souvenir lointain. Puisque la princesse d'Akrou, un village que je connais, à pas feutrés, a fait un parcours de géant. Une belle symphonie qui continue. Respect à cette Diane de la plume!

Yahn Aka (écrivain-animateur radio)

« J'ai lu plusieurs œuvres de Regina Yaou, et celle qui m’a marqué est « Dans L'antre du Loup ». Son inspiration et sa créativité sont indicibles. Son écriture est accessible. Quand on lui demande sa source d'inspiration, elle répond toujours que c'est la prière…Dans l'émission « Bien être littéraire » du dimanche 24 aout dernier, Henri N'koumo, le Directeur du livre,  nous a informés que les premières expériences de Regina Yaou dans le milieu littéraire ont failli lui faire abandonner sa carrière. Les critiques littéraires n'ont été tendres avec son premier livre. Je ne connaissais pas cette petite histoire de notre « mère » de la littérature Ivoirienne. La leçon est qu'elle a persévéré, elle s'est améliorée, elle s'est cultivée, elle n'a pas abandonné. Aujourd'hui ses efforts ont payé ».

 Macaire Etty (Ecrivain- critique littéraire) 

«  Je reconnais avoir lu la plupart des œuvres de Régina Yaou, même si je ne connais pas celles parues dans la collection Adoras sous des pseudos. Mon avis est que Régina fait partie des cinq premières écrivaines qui donnent véritablement de la visibilité à nos lettres nationales. Elle écrit bien et beaucoup.  Elle a été invitée souvent à représenter notre pays à diverses rencontres. Je peux citer en exemple sa participation à la 3^e foire internationale du livre féministe à Montréal et à Toronto au Canada (1988). Ne représente pas un pays comme la Côte d’Ivoire littéraire qui veut. Elle fait partie des auteurs (tous les sexes confondus) les plus constants et les plus prolifiques de notre pays.

« Ce que de nombreux Ivoiriens ignorent est que, chronologiquement, Régina Yaou est aujourd'hui une "grand-mère" de la littérature ivoirienne. Son roman La Citadine a été écrit en 1977, vous vous en rendez-compte? Au moment où elle publiait Lézou Marie ou Les Ecueils de la Vie (1982), une grande dame comme Tanella Boni n'a pas encore publié Labyrinthe (1984).  Véronique Tadjo non plus n'a pas encore publié Latérite (1984). Elle hante donc le milieu du livre et de l’édition depuis des décennies. Avec le décès d’Anne Marie Adiaffi, Régina Yaou est incontestablement, par son ancienneté, la « mama » de la littérature ivoirienne ».

« La spécificité de sa plume repose sur sa simplicité et sa profondeur. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus aisée dans la création littéraire. Son message est accessible au lecteur moyen mais sa langue n'est pas vulgaire ou simpliste. La simplicité de Régina est loin d'être de la platitude ou de la vulgarité. La simplicité n’est pas à confondre avec la légèreté ou le manque de rigueur dans l’usage de la langue française. L’auteur de L’Indésirable est reconnue comme une plume soucieuse du bon usage de la langue. Et cela n’est pas un hasard. Elle fut championne en orthographe et surtout en rédaction durant toute  sa scolarité. La lecture depuis son enfance est pour elle une véritable drogue ».

« Dans le registre de la prose ou du récit, Régina Yaou  a goûté presque à tous les sous-genres. Du roman des mœurs au roman sentimental, du thriller à la nouvelle, Régina a su mettre à nu sa capacité à s'adapter, à varier ses approches des questions qui préoccupent le monde. Ses thèmes évidemment sont variés et riches. Autant elle sait poser les problèmes sociaux, autant elle sait faire des incursions dans le monde politique. La trame des romans comme « Opération fournaise » et « Coups d'Etat » vibrent des tensions politiques qui ont laissé des empreintes indélébiles sur la chair de notre peuple. Dans L'Antre du Loup, son premier thriller, elle nous projette dans le monde de la pègre avec tout le cocktail qui caractérise le genre. « Ahui Anka », « Histoires étranges » et « Les souris de Simakouss et autres faits insolites » visitent  le monde du mystère et du paranormal. Régina est autant à l’aise en tant que romancière que nouvelliste ou même auteur de littérature sentimentale ».