« Les matins orphelins » de Foua Ernest de Saint Sauveur : Quand l’amour fait sa moue …
La vie se noie dans une certaine inertie. La femme, elle, est parfois bien famée ; d’autres fois, mal famée. Le temps s’évanouit au rythme d’une monotonie inouïe … pour arpenter les courbes de l’espoir fuyant et l’ingurgiter. Des soleils sombres, des jours noirs, ce sont « Les matins Orphelins » ; assonance annonçant les couleurs mélodiques de la dernière œuvre de FOUA ERNEST DE SAINT SAUVEUR parue aux éditions Saint-Sauveur, dont il en est le fondateur.
« Dans la moiteur d’un jour que le soleil au déclin, avait éreinté, le hurlement de la sirène déchira l’air…comme une nuée de passereaux à la débandade, ils déboulèrent, giclèrent de partout …Lorenza franchit le portail de l’établissement, son cartable d’osier en bandoulière, le bras gauche chargé du surplus d’effets scolaires. Sous le couvert du flamboyant qui offrait au voisinage la couronne coralline de son feuillage… un jeune homme qui semblait l’attendre… » ( page 13). Voyons-y une sortie des classes d’une après-midi que l’auteur nous décrit avec agréable musicalité. Puis un nom : Lorenza. Elle est belle, modeste, intelligente. De plus, chez les DE SOUZA , l’éducation religieuse est la carte d’identification. Jeune et vierge, seul le mariage pouvait ouvrir ce trésor. Seulement, si cette vertueuse d’origine dahoméenne use ses freins, ce n’est que surtout par obligation religieuse. La jeune fille et sa famille menaient une vie en parfaite cohésion avec les habitants de son pays d’accueil.
Mais qu’est-ce-qui peut bien ébranler les intentions d’une femme, les convictions d’une âme, les idéologies d’une personne si ce n’est l’AMOUR ? L’auteur nous le décrit avec une plume où transpire l’émotion. DAVID OGOU, un homme à femme, va faire vibrer le cœur frêle de LORENZA. Ils s’aiment sans aucun doute, mais parviendra t-il à la découvrir avant de lui porter l’anneau sacré ?
Le mariage célébré, la jeune mariée est bientôt mère. Les époux sont heureux, naturellement d’ailleurs. Les premières années sont belles, mais celles à venir s’annoncent inquiétantes.
C’est à une réflexion puissante sur la vie de couple et le mariage que la plume de FOUA nous invite. C’est en somme une interpellation sur ce cadre de vie qui reste et demeure l’essence de la société. Tous ces errements, ces fissures dans la société ne prennent-ils pas leur élan dans la famille ? Parents trop jeunes, mariage précoces, communication sourde entre conjoints, monotonie dans le couple enfantent des dégâts au sein de notre société. Le vin devient de plus en plus aigre, l’homme semble avoir commis l’erreur de sa vie, la femme s’en remet à DIEU, et pourtant le second bébé du couple est né. LORENZA se dit femme et n’entend pas faire comme son homme, elle se doit d’être soumise comme le lui recommande sa religion. Seule avec ses enfants, elle se noie dans ses larmes. DAVID, celui qui lui a pris sa virginité, indifférent à son sort, s’en est allé avec sa Blanche, l’abandonnant avec son enfant. L’AMOUR espère tout, et elle espère qu’il revienne un jour. Et L’AMOUR croit tout, elle l’attend, fidèle, pure. Dans ces nuits couleur d’espoirs et ces matins vides de son DAVID, LORENZA caressait le rêve de ce glorieux retour. Mais le temps devait-il suspendre son vol pour autant ?
La réalité est là. Elle doit apprendre à aimer à nouveau. Penser à elle et à ses enfants. REMY BAROU était l’homme idéal. Elle, jadis, si scrupuleuse, se voit entrain d’aimer sensuellement un autre homme. Découvrons-y la finitude des choses, les vérités contestées de l’existence, les certitudes incertaines…D’aucuns lui rappelleraient ses convictions, mais une chose est de « théoriser » et une autre est d’être « confronté au réel ». DAVID OGOU, son époux légitime, reviendra t-il comme elle l’a toujours rêvé ? Si tel était le cas qu’en sera-t-il de son amant ? Va-t-elle finir seule ? Une chose est certaine le SIDA passera à son carrefour…
Le véritable combat de la femme, le sens du mariage, la quête effrénée du profit … pour ne citer que ceux-ci sont autant de « slams » que chantent la plume de notre auteur. Une écriture d’une finesse subtile. Un beau texte. Un message d’une profondeur philosophique. Le lecteur moyen se bute à des murs d’incompréhensions dues au niveau de langue.
Atte Sostene
Foua Ernest de Saint-Sauveur, Les Matins Orphelins, Editions Saint Sauveur, 2013
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