LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE 2

 Elle plaît à la vue. D’un cou joliment ficelé, des contours d’une bouche minutieusement taillée, rosée en plus…un grain de beauté qui ne passe pas inaperçu, peau éclatante, visage extraverti , des cheveux qui dansent sur l’épaule gauche ; elle est tout simplement magnifique. C’est une femme belle. N’est-ce pas là aussi la face de l’amour ? Pourtant cette belle image est  ombrée tel l’autre versant de l’AMOUR. Avec ce regard qui semble questionner l’inconnu, on se demande bien la sauce que tient à nous servir GIOVANNI MELEDJE à travers cette page de couverture !

 SCANDALES D’AMOUR, « le fiancé de ma fille est l’assassin de son père », tel est le titre du recueil de nouvelles de l’auteur. Et bien l’odorat est tout ouï à la vue ce mets qui en dit beaucoup sur le contenu. La table est dressée, les couvercles sont mis, dégustons ‘’l’AMOUR selon MELEDJE  GIOVANNI’’.

Cocasses  le plus souvent, pathétiques à certains égards, et parfois même didactiques ces 20 nouvelles que nous conte l’auteur sont autant de clichés de la réversibilité  de l’AMOUR. Ce sentiment qui donne la sensation de décoller de la terre, de se sentir l’être unique de la galaxie… a une autre veste  qui  fait voyager jusqu’au bout de l’enfer. Du moins, c’est ce que MELEDJE nous fait découvrir déjà par sa première nouvelle : « Mon DIEU, ce n’est possible ! », celle-là même qui constitue le sous-titre de l’œuvre. Comment une mère pourrait-elle accepter comme gendre le meurtrier de ses enfants et de son époux ?  Près de trois ans après pareille tragédie, n’était-il pas tant de pardonner et d’offrir à sa dernière fille le bonheur du mariage ? Cette histoire, bien qu’elle sonne l’AMOUR, est aussi une invite à plusieurs valeurs comme le pardon, la tolérance, et le don de soi. A mesure que nous dégustons cette nouvelle, l’auteur parle à la conscience de l’homme, il revient chaque fois avec ce sous-entendu  « QUELLE AURAIT ETE TA REACTION A SA PLACE ? ». Difficile d y répondre ! Eh oui, quand la première dame de votre pays finance  vos projets et vous oblige à être son amant  , bien que vous soyez marié, que pouvez vous faire ? Surtout quand c’est elle qui vous «  fait », vous et votre famille !

Cette tonalité dramatique qui se dégage  de la nouvelle trois : « prisonnier », est une preuve que l’AMOUR  ne fait pas toujours les beaux jours des hommes. « Le blanc de Philomène » nouvelle quatre,  «coup de foudre ou coup de fou » nouvelle onze, «  je connais le secret de papa »nouvelle huit, pour ne citer que celles là, sont parées d’une dose d’humour à rendre tout ce qu’on a dans  l’estomac.  Quand un père rigide et plus que stricte dans son devoir paternel, affronte le regard  accusateur de son fils, il perd toute dignité et tout pouvoir sur ses enfants ; pour quelle raison ? Et bien « je connais le secret de papa », c’est pourquoi ‘’MON amour, je viens de prendre une nouvelle décision. Tu m’accompagnes à la maison.je me change et on sort faire la fête…’’  et plus jamais ce père ne pourra interdire une quelconque chose à ses enfants ; quel est donc ce secret qui le désarme tant ? Pour sûr, un secret qui fait rire aux éclats et qu’on n’ose pas raconter même à son meilleur ami.

Dans ce recueil de nouvelles, l’AMOUR est conjugué à tous les temps, sauf au présent. En plus,  de faire participer le lecteur au débat, l’auteur a cette imprudence de chercher l’exaspération de celui-ci , du moins , c’est l’impression qu’il donne . Quand notre auteur soulève la question de l’homosexualité dans la nouvelle douze, la question de  la sexualité dans les couples jeunes  dans la nouvelle cinq, pour ne s’arrêter qu’a ces deux, on se pose  bien des questions sur ses intentions réelles. On perçoit difficilement ses convictions à certains égards… n’empêche  on est très vite séduit  à nouveau, dans notre dégustation, par d’autres histoires qui donnent à réfléchir sur le véritable sens de l’AMOUR ; sur le devoir, le pouvoir de la femme dans la vie de couple. On doit l’avouer : on en apprend sur certaines réalités qui nous échappent. On chante l’AMOUR, on fait le culte de l’AMOUR, on le vit ou pensons le vivre réellement… tous en parlent, mais l’auteur nous en montre une autre couleur,  pas du tout plaisante, et pourtant  c’est une autre de ses réalités. D’ailleurs,  la société peut en témoigner, car ce sont ces vécus quotidiens que GIOVANNI MELEDJE nous dépeint.

Belle cuisine littéraire  tout de même, bien qu’elle ne s’inscrive pas vraiment dans la littérarité. De même la digestion est  un peu difficile par moment,  mais on se reprend très vite et poursuit notre randonnée entre ses lignes.  Vous voulez parler AMOUR ? Eh bien cette œuvre vous plaira assurément !

ATTE SOSTENE

Scandales d’Amour « le fiancé de ma fille est l’assassin de son père » de Giovanni Meledje, éditions l’harmattan 2013